Une terre sigillée est une terre dont on ne garde que les particules les plus fines
qui vont vitrifier à la cuisson.
La couleur orange est donnée par la révélation de l’oxyde de fer
dans une terre rouge après la vitrification.
Les grecs employaient des terres sigillées (qui n’avaient pas encore
ce nom) avec des degrés de finesse différents et qui étaient plus ou
moins sensibles aux fumées.
Le noir était une terre sensible à la fumée qui noircissait lors de l’enfumage et le
rouge était une terre qui vitrifiait et donc imperméable à l’enfumage. C’est une
vision un peu raccourcie mais qui peut permettre de comprendre le processus
de la cuisson de la terre sigillée.
Toutes les poteries présentées sont bien sûr des poteries récentes fabriquées
à l’atelier de poterie
Pour obtenir ces deux couleurs, les pièces sont enfumées en sortie
de four en fusion dans des copeaux, herbe, sciure…
On peut aussi enfumer dans une grande tranchée, comme les potiers
grecs ou dans un demi fût pour quelques poteries
Quelquefois aussi, elles sont cuites dans le four papier…
Ce qui est important à voir, c’est la multiplicité des résultats selon les
argiles, les types de cuisson
Le nom de ‘”Terre sigillée” provient du mot “sigillum”, sceau en latin.
Les sculpteurs gallo romains fabriquaient des poinçons (sceaux) qui servaient
aux potiers à fabriquer des moules d’agile avec les motifs en creux.
Lorsqu’ils estampaient la terre dans les moules (plaquer une terre sur les parois
d’un moule), les décors sortaient en relief.
Ces sceaux et les moules ont été sculptés avec la terre du site gallo
romain de la Grauffesenque à Millau (12)
Cette amphore a été réalisée avec ce moule, deux demi assiettes
collées, le pied et le goulot sont tournés et les anses tirées, collées
et poinçonnées en bas. La pièce a été recouverte d’une sigillée et
cuite au feu de bois dans une atmosphère réductrice.
Après tamisage des terres
Elles sont mélangées, liquides ou en poudre avec de l’eau et du silicate
de soude ou défloculent.
La recette : 1kg d’argile en poudre
1 litre et demi d’eau et 10 grammes de silicate de soude.
Certaines argiles ont plus soif que d’autres selon leur plasticité. Les proportions d’eau par rapport à la terre sont une indication. La densité est un meilleur indice; Une bonne pâte à crêpes liquide est un bon repère.
Il faut bien agiter cinq minutes au mélangeur à peinture monté sur une perceuse
et laisser décanter 24 heures. Au bout de ce temps, verser délicatement la
partie supérieure dans un seau et le fond est à jeter. ce qui reste, ce sont
les particules lourdes. La terre sigillée est en surface. On peut préparer de la
sigillée avec de la terre diluée, il faudra alors évaluer la proportion d’eau et de
terre pour mettre le silicate.
Tremper un tesson de terre sèche et crue dans la sigillée deux fois et laisser sécher
On peut luster avec un chiffon très doux, un plastique très fin… Ca brille tout
de suite
C’est une façon simple et rapide de préparer une terre sigillée. Attention
à la soude, elle peut faire décoller la sigillée si la proportion est trop forte. Cela
donne un aspect également qui peut ressembler à de l’émail.
On peut obtenir de la sigillée avec d’autres méthodes, la lévigation
(particules d’argile entraînées par de l’eau sur une pente douce), la décantation
lente (Les particules lourdes vont tomber au fond et on va délicatement
reccueillir le liquide de surface) Pour cela, mélanger une argile à de l’eau de pluie de
préférence, agiter et laisser reposer une heure. Garder le liquide de surface
et recommencer jusqu’à 50 fois pour certaines argiles. Ce processus est plus
lent mais permet d’obtenir de belles terres grasses qui n’ont pas un aspect
trop brillant.
Poser la terre sigillée sur un biscuit est délicat et on va rencontrer
de forts risques de décollement. La couche doit être très fine.
Certains potiers l’appliquent sur terre sèche, d’autres sur terre
à consistance du cuir
Il est possible de colorer les terres sigillées avec des pigments et des
oxydes, des sulfures…Certains oxydes résuisent le brillant de la terre sigillée.
Il est préférable de bien broyer les couleurs pour obtenir de très fines
particules. Les carbonates et pigments céramiques sont moins lourds que les
oxydes purs. En ce qui me concerne je n’ajoute pas de colorant aux sigillées,
les couleurs sont données par les différentes terres, les différentes atmosphères
de cuisson, les enfumages; les différents fours… Il y a déjà de quoi bien s’amuser ….
Il reste à les passer sur les poteries crues, polies, au pinceau, avec un
aérographe, par trempage, …
… à les confier au feu et à les sortir en fusion pour les enfumer
C’est un enfumage par défournement à chaud. Dans d’autres fiches vous trouverez les cuissons au bois, en four papier, dans le four à bois, dans une tranchée d’enfumage, dans un bidon….
C’est infini, chaque cuisson est une découverte et une grande joie souvent partagée pour les cuissons au bois
Cette recette n’est que le fruit de mon expérience. Chaque potier a la sienne, sa température de cuisson et même si elles ont l’air de se contredire elles sont toutes bonnes. Il faut regarder les résultats du potier pour voir les différents résultats et le principal est de faire des tessons et des tessons d’essais. Vous les trouez, notez les terres, la t° de cuisson; le four, ça fait des bracelets témoins qui vous permettront d’avancer vite dans les recherches.
Une fois que vous avez fait les essais sur tessons, faites des essais avec des bols. Cela donnera encore des résultats différents.
Il ne vous reste plus qu’à essayer, vous savez tout sur la théorie…
Si vous avez encore des questions
ou des commentaires, n’hésitez pas, je vous répondrai avec plaisir.
Bons essais à tous !!!
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