Site Gallo Romain de la Grauffesenque à Millau
Fabrication des poteries Sigillées
Dans la poterie sigillée, il y a d’une part le support, décoré ou non et le vernis d’engobe, que l’on appelle la terre sigillée, terre finement et longuement décantée pour ne garder que les particules les plus fines qui vont se vitrifier à la cuisson.
Les poteries sigillées sont des poteries en argile de basse température (faïence). les températures de cuisson varient entre 1000 et 1100° selon les argiles de base et le vernis en se basant sur le résultat escompté.
Les poteries sont façonnées au tournage, à la main ou faites à l’aide de moules. Elles peuvent être avoir des reliefs ou non, avoir des teintes qui varient de l’orange vif en passant par la rouge, le gris, un aspect métallescent, jusqu’au noir profond. Ces variations infinies vont dépendre du support, de la température de cuisson, du type de cuisson, de ce que l’on peut introduire dans le four au cours de la cuisson, comme du sel, par exemple, le type de combustible, tout est variable à l’infini.
On peut dire qu’une cuisson oxydante (avec oxygène) va apporter des teintes vives et uniformes, alors qu’une cuisson au bois va animer la surface au rythme des flammes et qu’une cuisson réductrice (diminution d’oxygène) ou un enfumage vont donner des teintes beaucoup plus sombres. Les gallo romains, pour obtenir les poteries rouges, cuisaient en oxydation, cuisson avec de l’oxygène alors que les grecs cuisaient en réduction avec de bons enfumages dans des fosses pour imiter la vaisselle métallique.
Pour obtenir des pièces à décor en relief,
Sceaux et moules de la Grauffesenque
Les potiers gallo romains faisaient préalablement des poinçons, appelés sceaux, d’où le nom donné à cette poterie, qui leur permettaient de créer des moules, généralement en argile dans lequel des poinçons étaient imprimés pour faire le décor en creux. Ces poinçons, « sigillum » qui veut dire sceau étaient faits par des sculpteurs en argile, en os et représentaient des animaux, des dieux, des scènes mythologiques ou de la vie quotidienne, des motifs floraux et végétaux….
Ces moules étaient cuits vers 700, 800° pour que la terre reste poreuse. Trop cuits, ils n’absorberaient plus l’humidité de l’argile et moins cuits ils ne seraient pas assez solides pour supporter la pression de l’estampage et le fait d’être humidifiés plusieurs fois.
Les potiers plaçaient le moule sur le tour et plaquait de la terre suffisamment molle pour qu’elle pénètre dans les reliefs en creux sur le fond et les parois.
Le moule s’imbibe de l’humidité de la terre qui, en séchant, prend du retrait et on être démoulée facilement. C’est un peu le principe de la terre qui est moulée dnas le plâtre, le plâtre absorbe l’humidité, ce qui fait se rétracter l’argile et la pièce peut se démouler.
A la sortie du moule, Les finitions peuvent être effectuées, le tournassage du pied, le nettoyage, le lissage du bord…,
Les poteries, une fois sèches sont trempées dans le vernis d’engobe très liquide avant d’être mises à cuire.
Je vous mets en lien le site d’un ami potier qui fait un travail remarquable vers Lausanne et qui pratique à la façon des potiers de l’antiquité. Il a un tour à pied où il reste debout et fait des pièces vraiment remarquables.
Il donne très bien toutes les explications de façonnage, de cuissons, c’est un vrai régal. Et si vous avez la chance de pouvoir passer le voir vous passerez un moment extraordinaire.
Archéocéramique
Photos du musée de Millau
Je ne pratique pas comme les potiers gallo romains, je ne moule pas ou alors pour m’amuser ou animer des ateliers. J’ai fabriqué des sceaux, la fabrication de chacun d’eaux nécessite huit à dix heures. Cela dépend de la complexité et de la perfection recherchée bien sûr mais le moins complexe m’a demandé cinq heure, une fleur à huit pétales.
c’est tout petit !!!
Pour fabriquer une sigillée vous pouvez consulter la page du blog
A La Terre en Feu… Comment est ce que je fais?
Les pièces sont tournées, longuement tournassées, polies à l’aide d’une agathe ou avec le manche d’une cuiller, pas avec la bosse sinon ça fait des marques, plusieurs fois au cours du séchage puis elles sont recouvertes d’un vernis d’engobe.
Pour obtenir ce vernis d’engobe ou terre sigillée, la terre est pesée à sec puis mise à décanter dans l’eau, puis tamisées lorsqu’elle est bien dissoute à l’aide d’un tamis 60 (60 mailles au cm²).
Bien sûr, si on broie bien l’argile, elle va se diluer très rapidement. Mais pour les argiles ramassées souvent dans des talus, des jardins, des chantiers, il y a des cailloux, des racines etc et ce n’est aps facile à délayer rapidement. Alors on peut les faire tremper le temps qu’il faut et enlever le poids des déchets pour calculer le poids du silicate de soude (1%) par rapport au poids de terre, donc le total moins les déchets.
Une argile de basse température, calcaire donne généralement de bons résultats. sur la page du blog vous trouverez la recette et le processus expliqué
C’est après le tamisage que l’on pèse les 1% (ça peut varier selon les potiers, les façons de faire, ce qui est important c’est d’essayer. Je donne toujours une moyenne et il m’arrive d’ajouter un peu de silicate (0,5 %) si la terre ne décante pas assez et il arrive qu’une terre ne soit pas bonne du tout, elle pourrit ou se décolle, tout va dépendre de la quantité de matières organiques qu’il y aura dedans.
Certaines terres ne vernissent pas, ou décollent mais vous ne prenez aucun risque, il n’y a pas d’investissement d’argent à faire pour essayer.. Amusez vous !!!!
Une fois le silicate bien mélangé, faites bien un tourbillon dans votre seau pendant deux ou trois minutes, vous laissez reposer 24 heures. 25 ce n’est pas grave, ni 23h30 mais c’est un bon temps pour la décantation. Certaines terres continuent à décanter encore même après que les particules lourdes aient été enlevées
Les particules lourdes vont se déposer au fond du seau pendant ces 24 heures.
On verse alors dans un autre seau la haut de la préparation que l’on garde. Le reste n’est pas conservé, il servira pour les fours papiers. Même pas en engobe, ça décollerai, la terre est morte, on lui a enlevé ses particules fines qui lui donnaient sa plasticité.
Le liquide du dessus peut alors servir immédiatement ou il peut être laissé plusieurs mois à évaporer pour se densifier. On peut entre temps rajouter de l’eau, faire évaporer… Lorsque la terre est devenue très fine, elle vernit et a un aspect lisse, brillant, doux, incomparable…. Un bon vernis est très brillant lorsqu’on le pose sur les pièces crues. En prenant de l’âge, le vernis continue à s’affiner et gagne en onctuosité et en brillance.
Cette façon de travailler est celle que je pratique, elle ne s’appuie que sur des expérimentations, beaucoup de tâtonnements, de recherches. Et même des des potiers différents n’ont pas la même façon de faire, ce qui est important est de regarder leur travail, voir si ça nous convient et petit à petit avoir sa propre sensibilité, ses propres expériences.
Je fais des recherches depuis 40 ans maintenant, jusqu’à ce que j’enseigne la façon de faire la terre sigillée je ne mesurais pas, juste à la consistance, à l’épaisseur, quelquefois au goût… Comme une cuisinière. Je compare souvent pendant les cours la poterie à la cuisine. Il y a des recettes de base mais nous avons tous des expériences différentes… Le tout est de se détendre et de se faire plaisir et pour une fois, ça ne coûte pratiquement rien.
Je cuis les sigillées dnas mon poele. Bien sûr, une ou deux petites pièces à la fois mais une ou deux par jour, ça fait vite un peu de stock et quelle joie de pouvoir offrir son travail ou partager à la veiller le modelage d’un bol pour le cuire quand il est sec et recouvert de la sigillée du jardin ou du voisin ou du talus du chantier d’à côté….!!
On retrouve le sens de la veillée, du partage, de la joie simple, de la beauté de la nature..
Le secret des sigillées réside dans l’amour de la terre, la patience, le temps et le jeu des flammes sur l’épiderme de la terre….