Origine du Raku
Bol noir raku pour le thé, type Kuroraku.
Connu sous le nom d’Amadera, atelier
de Chōjirō. Époque Azuchi Momoyama,
XVIe siècle. Musée national de Tokyo
Sô’nyû, 1668-1720. Bol à thé, « Oimatsu » (Vieux pin). Grès à couverte noire (raku). Tokugawa, vers 1700. Vue de profil. Musée d’art asiatique de Berlin
Le « Raku » est le fruit de la rencontre entre un artisan et un lettré,d’une poterie paysanne et d’un rituel raffiné étroitement lié à la philosophie Zen qui met l’accent sur la beauté de la simplicité et du naturel. Dans le Japon du 16ème siècle, Chojiro, fils du potier coréen Ameya, fabrique des bols à riz dans la tradition de sa famille coréenne.
A la même époque, le maître de thé Sen No Rikyu élabore les règles de la cérémonie du thé. Il trouve dans la production de Chojiro un esprit et une simplicité appropriés à l’esprit Zen. Il commande alors à l’artisan un bol qu’il a, dit-on, dessiné lui même.Hideyoshi, dictateur militaire, sensible à l’art de thé honora la mémoire de Chojiro en accordant à son successeur Jokei un sceau d’or porteur de l’idéogramme « Raku » qui signifie « aise, joie, bonheur, sérénité ». Ainsi, la dynastie de potiers « Raku », forte de son titre et de ses commandes officielles, se perpétue encore jusqu’à la 15ème génération qui, de nos jours travaille encore à Kyoto.
Raku Kichizaemon XV Né en 1949 à Kyoto. Descendant à la XIe génération de la famille de potiers Raku (plus précisément, XIVe du nom Kichizaemon après le fondateur Chôjirô). Directeur et président du conseil d’administration du Raku Museum de Kyoto. Titulaire d’un diplôme du département de sculpture de l’Université des arts de Tokyo, obtenu en 1973. A ensuite étudié pendant deux ans à l’Academia delle Belle Arti de Rome. En 1981, il est devenu l’héritier en titre de la famille Raku, sous le nom de Raku Kichizaemon XV. Lauréat de nombreux prix dont la médaille d’or de l’Association de la céramique japonaise (Nihon tôji kyôkai, 1991). Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres français (2000). En 2007, il a conçu une salle d’exposition et un pavillon de thé pour le Sagawa Museum à Moriyama, dans la préfecture de Shiga. Auteur de nombreux ouvrages dont Chawan ya (éd. Tankôsha, 2011), Raku : A Legacy of Japanese Tea Ceramics (écrit en collaboration avec son fils Raku Atsundo, éd. Seigensha, 2015) et Raku Kichizaemon (Raku Museum, 1994).
La cérémonie du thé au japon (ou voie du thé), qui embrassait les pensées philosophiques et religieuses derrière un rituel, de 1550 à 1850, était de loin la plus importante influence de la culture japonaise. Les racines culturelles et religieuses proviennent du Bouddhisme Zen. La simplicité et l’austérité du Zen attirait la classe des Samouraïs qui rejetaient le faste de la cour impériale. Dans les temples Bouddhistes de Chine, le fait de boire le thé était considéré par les moines comme une aide à la méditation. Pendant tout le 15ème siècle, le Zen s’étendit très largement à travers tout le Japon et la cérémonie du thé commença à avoir une réelle influence avec la construction de la première maison de thé, par le «Shogun» (dictateur militaire) Yoshimasa.
Le rôle du «maître de thé était de la plus haute importance. Il était attentif à chaque détail esthétique de la maison, du choix de la vaisselle et des accessoires.
L’atmosphère devait être particulièrement paisible pour les invités choisis.Une image utilisée par les pratiquants de la cérémonie du thé était que « le reste du thé au fond du bol était comme la flaque d’eau restant au creux du rocher après la pluie». On peut ainsi sentir la relation profonde qui existe entre la terre, le bol et le minéral qui le recouvre….
LES OBJETS DE LA CEREMONIE DU THE :
Les ustensiles de la cérémonie du thé doivent conjuguer deux qualités : simplicité et beauté. Pour répondre aux principes établis par Sen no Rikyu, chaque objet choisi doit évoquer chez le participant à la fois contemplation et humilité. L’objet le plus important reste le Chawan, bol de thé en céramique. Sa forme parfois imparfaite rappelle la simplicité, mais sa décoration en fait un objet remarquable. C’est dans ce bol que sera préparé le thé.
Les petits pots contenant le thé en poudre appelés Chaire ( thé fort ) ou Natsume ( thé léger ) sont généralement des objets de collection, très recherchés des collectionneurs. La longue louche ( Hisaku ) servant à transvaser l’eau chaude de la bouilloire ( Chagama ) vers le bol ( Chawan ) est taillée parfaitement dans une longue tige de bambou.
Deux éléments très importants président également dans la cérémonie du thé : la petite spatule ( Chashaku ) qui permet de verser le thé en poudre, et surtout le fouet ( Chasen ) qui permettra de mélanger la poudre de thé et l’eau, pour réaliser ce breuvage si spécifique. On notera parfois la présence d’une réserve d’eau froide sous la forme d’un récipient cylindrique ( Mizusashi ). Enfin élément indispensable pour répondre au besoin de propreté indispensable dans toute cérémonie Japonaise : la pièce de tissu ( Chakin) qui permettra de garder un aspect immaculé à tous les objets.
Tandis que se développait cette philosophie, les japonais abandonnèrent les bols chinois qu’ils utilisaient depuis de siècles pour la poterie des potiers coréens. Peu à peu, les techniques se modifièrent pour répondre aux exigences et aux idéaux de cette nouvelle forme de cérémonie du thé .Jusqu’à une époque très récente, le « Raku » était utilisé au Japon uniquement pour la fabrication de bols réservés à ce rituel. Ils avaient tellement de valeur que les dictateurs militaires au Japon les décernaient comme distinction honorifique.